jeudi 18 juin 2015

Olfactorama : Le sacre du parfum...

   

   
        La belle soirée s'est déroulée le 11 juin et les gagnants ont enfin été révélés. Fleurs, paillettes, couronne et champagne, tout était parfait...
       Je vais faire vite et entrer directement dans le vif du sujet : pas un de mes sélectionnés n'a gravi la marche en vainqueur, point de tapis rouge ni de spot-light pour mes aimés à l'aveugle.
... En fait si, je me mélange un peu, il y en a bien un qui a su se faufiler dans le palmarès, mais mon coté snob aurait préféré que ce ne soit pas lui au final. L'amour, le désir, l'inconstance etc... Cela ne se commande pas après tout !
     
       Parmi la sélection certains m'étaient connus (ce n'est pas pour autant que je les ai tous reconnus !), d'autres non. Et c'était assez compliqué d'en dire deux mots sur le blog sans révéler plus qu'il ne le fallait afin de conserver le mystère mystérieux du jeu aveugle.
       J'ai aussi été surprise en découvrant certains noms : soit je les connaissais et ils m'avaient laissée plutôt froide alors qu'à l'aveugle je les aimais beaucoup, soit l'inverse... La connaissance, le contexte, l'humeur, finalement cela joue !
 
       Dans le désordre voici donc les résultats (et les liens vers ce que j'en avais écrit sans connaitre les noms) :


Prix du focus : Les Repesées du Patrimoine Guerlain.
   C'était mon choix numéro deux. Je trouve que le prix est bien entendu mérité : c'est un plaisir divin de pouvoir s'approcher au mieux de ces jus qui sont assurément une part du patrimoine olfactif. L'attention portée à la conservation de l'intégrité est à saluer.
   Mais j'étais plus portée à mettre en avant la création du comité Joséphine : le passé c'est bien mais s'occuper de l'avenir c'est mieux, et la parfumerie en a grand besoin face à la stupidité de l'ifra.


Prix de l'atmosphère : A Cheval ! Hermès.
   En fait il a donc deux catégories qui ont vu célébrer mes aimés (l'autre viendra plus tard!) : oui c'est pour ce cheval que j'ai voté ! Une sorte de "reprise" du thème Cuir D'Ange en quelque sorte. Un cuir équestre doucement floral, d'une extrême finesse, je m'en aspergerais volontiers s'il avait été un parfum.
   Je pense que ce fut la catégorie la plus compliquée pour moi : tout me plaisait. Il faut dire que la sélection était vraiment belle. Mais c'est assez amusant de voir la différence d'exigence entre une odeur et un parfum...


Prix du Patrimoine : Deux Amours, Patou.
   Pour lequel je n'ai pas voté... Je ne retrouve pas assez le jus que j'ai connu en version Amour Amour 1984 (fuck ces histoires de noms déposés). Patrimoine pour la re-sortie de beaux jus ? Pour cette ouverture qui permet de remettre le nez dans l'histoire du parfum ? Alors pourquoi pas effectivement, mais pas pour la justesse.
 (et je ne sais plus pour qui j'ai voté... Le vétiver de Carven je crois, car je l'aime bien et c'est tout. Pas très constructive en fait !)


Prix de l'enthousiasme : New York intense, Nicolaï
    Il n'était pas dans mon trio de tête. je ne le connaissais pas et son charme un peu désuet, bien qu'indéniable m'avait laissée assez froide (E1).
   Mon enthousiasme à moi était L'Eau de Merzhin, Anatole Lebreton (E3)... Pourtant lors de sa sortie, s'il m'avait plu, il ne m'avait pas transporté, mais là, la magie a opérée et l'enthousiasme a jailli.
   J'ai aussi été surprise par Jersey, Chanel (E4) : je l'avais trouvé joli mais pas folichon lorsque je l'ai découvert en boutique, rien de particulier. Et lors du test à l'aveugle (je ne l'ai pas reconnu) j'ai eu un joli coup de cœur.


Prix de la virtuosité : Cuir D'Ange, Hermès.
   Je n'ai pas voté pour lui mais il était 3eme dans mes choix (V3). Je le connaissais et l'avais reconnu. j'aime bien mais il lui manque quelque chose. Trop lisse et... Maternelle à mon sens ! Assez virtuose bien sur, même si tout se tamise trop et semble changer de direction de façon pas très... Dirigée !
   Ma virtuosité à moi allait à Imperial Tea, By Kilian (V2) que je n'avais pas immédiatement reconnu (alors que je l'ai!) et pour lequel j'ai donc eu un second coup de foudre ! Cette âpreté, cet effet sans concession tout en restant "un parfum", cet imaginaire recréant le thé au jasmin que je cherchais depuis longtemps, oui c'est virtuose !!!


Prix du grand mixte : Eau de Cartier Zeste de Soleil, Cartier.
   Voilà mon gagnant, j'ai voté pour lui (U3)... Et bien oui, il est vraiment agréable et élégant. Poli aussi, conventionnel. Mais pourquoi le bouder ?
   Et bien parce que mon snobisme aurait bien aimé voir L'Orpheline (mon second choix, U1) prendre la tête histoire de démontrer qu'un peu de risque paye... Mais si je n'ai pas voté pour lui c'est parce qu'un aspect que j'ai défini comme un peu viril m'a retenue. En fait c'est sans doute plutôt une sorte d'austérité old school qui m'a freinée.
   Notons que mon troisième choix était celui de Lady Gaga (U4)...


Prix du grand Masculin : Terre eau très fraîche, Hermès.
   Celui ci était mon deuxième choix (M2). Très bien réalisé, pas de fausses notes... Mais pas d'originalité transcendante non plus au final, c'est de l'homme avec ses codes, même si ceux ci sont élégants.
   Et à propos d'originalité je me suis retrouvée à voter pour tadammmm... 1881 Bella Note homme, Cerruti (M4). Totalement inconnu à mon nez, comme à peu près tout ce que fait Cerruti.
    J'ai eu du mal avec les masculins, mais comme dans la vie celui qui m'a plu n'est pas forcément le plus "smart and clever" mais simplement celui un peu bancal qui a une vie particulière.


Prix du grand Féminin : La Panthère, Cartier.
   Je l'ai mis en troisième position (F1), un peu pas dépit, peu de chose m'accrochant. Ce n'est pas ma came, je m'ennuie ferme et jamais je n'ai entrevu la moindre animalité dedans. Ou alors une vegan qui en pince pour son sac en plastique fleuri...
   Maintenant savourons mon moment so chic grâce à mes choix à l'aveugle :
Mon numéro 1 était : Burberry Brit Rhythm, Burberry. Je n'en avais jamais entendu parler...(F4)
Mon numéro 2 était : Rosabotanica, Balanciaga, j'étais persuadée de le détester... (F2)



     Cette nouvelle édition de l'olfactorama fut riche en surprise et découverte . Déjà il faut bien avouer que grâce à l'équipe je me suis penchée sur des parfums qui n'avaient absolument pas attiré mon attention (tant de chose à sentir ! ) lors de leur sortie, et ça, c'est très intéressant. Mais surtout cela m'a permis de regarder d'un autre nez certains parfums que j'avais écartés peut être un peu vite (mauvais timing ? ) et ainsi de leur redonner une place de choix.
     J'ai beaucoup aimé découvrir à l'aveugle et me lancer dans "une évaluation" sans garde fou, indices ou guide du bon goût sous la main. L'inconnu est excitant.
     Alors, encore une fois merci à tous pour toute cette aventure et pour la belle soirée de couronnement qui a clos à merveille cette bulle parfumée. (et un immense merci pour "les nommés sont" et non l'atroce "nominé" pourtant si couru !)

    Tout sur l'olfactorama ici, sur leur site, ou bien , pour facebook.

 



vendredi 3 avril 2015

Olfactorama : Transports Olfactifs...






      Voilà ce que j'attends le plus, la plus jolie chose, la plus importante en matière de parfum : l'émotion.  S'écrier sans retenue "Ho ! Putain" dès la première inspiration. Voir un immense sourire se dessiner. Le regard se mettre à briller. Etre tout simplement enthousiaste. Rien d'autre ne compte finalement. On respire, on aime, on est heureux, on remercie la créativité d'avoir pointé son nez dans le jus et on déguste.

     Cette catégorie E est sans doute celle que je préfère, qui me fait le plus frétiller : oui j'ai envie d'être surprise et d'être enthousiasmée par ce que je vais sentir. Je me saisis donc des échantillons avec avidité et j'y vais :

      -E1 : L'antique salon et son coupe choux d'un autre âge sont de charmants hôtes, bien sous tout rapport. Classique d'hier il se fait un poil original aujourd'hui sans doute. Oui, agréable mais je ne décolle pas.

      -E2 :  Deux choses que je n'aime pas se sont données rendez vous et le bouquet ne me plait guère. Son coussin doux et classique arrange un peu la donne. Finalement son fond révèle un accord que j'aime assez et ouvre un autre chemin. Sa tête ne me revient pas, son cœur m'indiffère mais son fond me parle.

     -E3 : Envie direct de coller son nez dessus. Organique et solaire, à se vautrer dedans sans retenue. Du corps et du paysage. Je consomme sans modération, je vaporise encore et me voici avec mon parfum du jour. Je suis enthousiaste et j'aime ça !

      -E4 :   Plein de choses que j'aime ! Une envie de mordre dedans me prend, si loin des pâtisseries molles et collantes ou des plats épicés et confits. C'est du cru, du brut. Terrien et enivrant, un peu toxique et aromatique. J'en reprendrais volontiers, mettez moi un bouquet de coté s'il vous plait, merci !

      -E5 : On marche sur un vieux parquet un peu sale, il y a quelques échardes qui piquent le nez là quand même. Mais c'est assez agréable, l'endroit n'est pas accueillant mais joli. Dommage ce truc qui me hérisse la narine.


    Mission accomplie pour l'équipe de l'olfactorama : l'enthousiasme est bien au rendez vous ! Ce fut un délice de se plonger dans cette sélection. Et cette fois pas de tergiversation pour voter, les évidences s'imposent, la magie opère, merci !





Addenda : 
voici les noms des parfums qui ont été testés à l'aveugle :
E1 : New York intense, Parfums de Nicolaï
E2 : Le rêve de la Reine, Arty Fragrance by Elisabeth de Feydeau
E3 : L'Eau de Merzhin, Anatole Lebreton
E4 : Jersey, extrait Chanel
E5 : London, Tom Ford



Olfactorama : Troisième Sexe...

   




         Le rose pour les filles et le bleu pour les garçons ? Une fille n'aime pas le rose, se rebiffe et porte du bleu, la voici qui devient un véritable garçon manqué (alors qu'elle a sans doute juste déjà compris qu'il y a un poil plus de liberté à être né du côté bleu...) Mais un garçon qui veut du rose ? Une fille manquée ?... Finalement la liberté a un prix, passons...


       A sa petite échelle (mercantile?) le monde du parfum paye de temps à autre l'abolition des frontières et propose de n'arborer ni rose ni bleu afin de ne pas trop dévoiler sa destination. C'est souvent un violet aseptisé qui prend la pose et tamise simplement les codes plutôt que de les dépasser. On met de coté ce qui est marqué et on joue sur le flou de bon ton. Mais cela peut donner aussi parmi les parfums les plus beaux grâce à certaines marques ou collections refusant un positionnement genré. Quoiqu'il en soit, l'essentiel est que chacun s'y retrouve sans avoir à justifier de sa culotte et ça, ça n'a pas de prix !

     En fait je me rends compte que je suis assez adepte du genre. Je ne regarde plus depuis longtemps le sexe prétendu d'un parfum et je n'ai conscience de la chose que lorsque les codes sont poussés au ridicule caricatural. Aussi je saute avec intérêt sur cette sélection unisexe de l'Olfactorama et j'attaque les fioles U :

     -U1 : Un coté un peu viril justement, vieux, piquant... Relevé d'une pointe de sel assez juste à mon gout ! Mais c'est quand même un club homme où ce sont incrustées de belles volutes... J'aime assez finalement.

     -U2 : Il était donc passé là mon chewing-gum bi-gout fraise menthe qui rafraîchit l'haleine !!! Le pressing n'a pas réussi à le détacher de ma liquette, pourtant on sent bien que le pressing s'est donné à fond...

     -U3 : Le jeu du rouge acidulé et épicé, avec une amertume délicate est bien joli ! J'aime assez écraser l'herbe dans les petits chemins fleuris aussi.
   
     -U4 : Il me fait penser à un parfum que j'ai déjà senti dans un précédent set... Mignon classique, tendre, propre. Un aspect bucolique peut être aussi. Bon, rien de folichon, mais agréable!
 
      -U5 : C'est un non sens d'aromatiser un médicament ! Un peu de piquant, d'amertume frôlant le noyau amandé. Ça pourrait me plaire si l'on avait mis une louche de rondeur chaude pour le faire glisser.
   


     J'ai bien aimé ce que j'ai senti. Je tourne en rond sans me décider sur ceux que je préfère : un "classique" qui me laisse plutôt tiède ? Un qui m'émoustille mais me dérange un peu ?  Un couture bien monté mais qui n'est pas moi ?  Je pense que je pencherai pour celui/ceux que je pourrais porter... Même si parfois ce que préfère porter n'est pas toujours ce que je préfère tout court... C'est compliquer de voter.




Addenda : 
voici les noms des parfums qui ont été testés à l'aveugle :
U1 : L'Orpheline, Lutens
U2 : Laine de verre, Lutens
U3 : Eau de Cartier Zeste de Soleil, Cartier
U4:  Eau de Gaga, Haus Laboratorie
U5 : Essence Aromatique, Bottega Veneta




   

dimanche 29 mars 2015

Olfactorama : Cherchez le garçon...





           La peau d’un homme. Son odeur. Se prendre pour Nadia Comaneci et Bonnie Parker réunies, courir à sa perte avec passion en se foutant des lendemains... Divin fantasme où l’on fond de plaisir, stupide fantaisie où l’on fonce dans le mur, peu importe ! Et si en plus un parfum vient sublimer cette peau pour laquelle on se damnerait déjà, que demander de plus ?
          Tout cela pour dire qu'aujourd’hui je pioche dans la sélection  "meilleur masculin"... J’oublie régulièrement qu’il existe des parfums pensés spécialement «pour homme», leurs codes souvent rigides et peu subtils ne me touchant guère. Mais je suis toute prête à me liquéfier de plaisir sous de mâles effluves pour l'occasion ! Et d'ailleurs je ne suis pas seule sur ce coup : un nez anonyme n'ayant aucun attachement pervers particulier avec les parfums se trouve dans mon rayon de vaporisation... Hop double ressenti pour la peine :
   
     -M1 : 
-Nez invité : Ça sent le mec que tu croises... C'est du facile que l'on connait, déjà vu partout. Du Calvin Klein générique en somme. En fait on le connait tous ce parfum, non ?
- Nez maison : Horriblement viril... Ce n'est pas parce que Raffaello F. porte une feuille originale en guise de sous vêtement que ça passe !!! Non, c'est stomacalement contrariant !

    -M2 : 
 -Nez invité : C'est de l'agrume ? Hmmm, ce serait très bon en jus de fruit en tout cas... Ou dans un cocktail. Ce serait un genre d'Angostura : tu le mets pour cacher que le cocktail est bancal et ça passe très bien.
-Nez Maison : Encore du code masculin, mais le zeste amer dans le cocktail, j'adhère assez oui !

    -M3 : 
-Nez invité :  C'est plus subtil et frais.
-Nez maison : Pas mieux...
(c'est assez terrible quand l'inspiration manque à tous...)

    -M4 :
-Nez invité : Le type qui met ça tu as envie de le lécher, c'est du bonbon chimique ! Enfin il y a un coté suppositoire quand même. Pas désagréable mais du coup tu ne lèches plus personne... Finalement ça fait un peu nettoyant pour meuble parfumé.
-Nez maison : Tout manque de finesse mais j'aime bien... Je sens même un cousinage avec un parfum que j'adore ( jamais je n'oserai donner le nom !) !!! Je vais avoir du mal à me décider avec celui ci, le piquant-râpeux-mode me dérange pas mal.

    -M5 :
-Nez invité : Mais, ils mettent de l'orange, des agrumes partout ou quoi ?  C'est tout simple, ça passe bien.
-Nez maison : Très classique et joliment cousu. Le gendre idéal de la voisine le porterait fort bien le soir pour faire fuir les moustiques.


   Pas de coup de cœur cette fois ci non plus.  C'est une belle confirmation : j'ai vraiment du mal avec les masculins types. Je retourne donc à mes quelques classiques, ravie tout de même d'avoir vu du pays !






Addenda : 
voici les noms des parfums qui ont été testés à l'aveugle :
M1 : Only the Brave Wild, Diesel
M2 : Terre eau très Fraîche, Hermès
M3 : Déclaration L'eau, Carier
M4 : 1881 Bella Note Homme, Cerruti
M5 : Grey Vetiver, edt Tom Ford




dimanche 22 mars 2015

Olfactorama : Rimes Féminines...

     Voter pour le meilleur féminin. Le Grand Féminin. Je vous évite la diatribe féministe hors sujet qui court dans ma tête à cet instant et finalement, pour la femme que je suis, ce sera simplement celui qui pourra faire écho à ce superbe titre de Juliette Noureddine :




   Le challenge est grand n'est ce pas ? J'attrape les fioles étiquetées F et j'ouvre mon nez :

  -F1 : Je connais. C'est un peu la démonstration du "maintenant vous savez que l'on sait", "vous en voulez ? Tenez ! ". Oui mais non.  Ennui très grand et malade en voiture assuré.

  -F2 : Hmmm, qu'est ce donc... Joli et agréable. Un détail me fait peur mais il semble très bien passer. En fait il a un petit truc vilain qui fait tout son charme. Mais vilain quand même. Il va me falloir un peu de temps avec celui ci.

  -F3 : Vraiment ? Vous êtes sérieux ? Vous avez écoutez la chanson ??? Mon estomac est très, mais alors très, contrarié... Je ne sais pas ce que c'est et je vivais fort bien avec cette ignorance... Heureusement un médoc semble se glisser pour calmer l'affaire.

  -F5 : Mon estomac continue à être fort contrarié... Mais dans un autre genre. Une contrariété façon tantine too much. Elle perd sans doute un peu la tête, au moins je peux sourire entre deux rendus. Mais à l'évolution je ne souris plus du tout et je supplierais même pour ressentir F3 !

  -F4 : Voici un bel enveloppant. Il fait du bien malgré ses grosses paluches. Enfin elles sont un peu lourdes là quand même... Oui, il faut ôter vos mains sinon il va encore y avoir une histoire avec mon estomac... Mais bon, j'avoue que l'odeur me plait.


   Avec cette sélection j'ai du mal. J'en ai reconnu un avec certitude, je pourrais prendre de petits paris sur deux autres mais rien de sérieux en réalité. Pas de coup de cœur à l'horizon. Voter va être compliqué, j'ai bien peur de devoir recommencer ce parcours ci, armée de courage et d'esprit scientifique, désarmée de tout gout personnel... Enfin j'en garderai un peu planqué dans ma jarretière, faut pas déconner !


Juliette, Rimes Féminines 1996









Addenda : 
voici les noms des parfums qui ont été testés à l'aveugle :
F1 : La Panthère, Cartier
F2 : Rosabotanica, Balenciaga
F3 : Reveal, Calvin Klein
F4 : Burberry Brit Rhythm, Burberry
F5 : White Tubereuse, Reminiscence



mercredi 18 mars 2015

Olfactorama à l'aveugle...



Paulette Goddard, 1943 The Crystal ball.



Votre mission, si vous l'acceptez :
       Ouvrir l'enveloppe craft, lire les deux feuillets joints, empoigner les fioles étiquetées de simple lettre et numéro, vaporiser, sentir et voter.
       Cette année, pour sa troisième édition, l'Olfactorama  s'offre un petit plaisir : mettre le nez du jury invité à l'épreuve. C'est en effet à l'aveugle que se fait la découverte de la sélection 2015. Aucun nom n'est dévoilé, seul un code sur les échantillons sert de repère.
       Ainsi rien ne devrait venir friser les poils du nez avec de quelconques à priori quant à ce que nous allons sentir. La marque ? Le nom ? La réputation ? Le souvenir ? Cela se retrouvera donc au même endroit qu'un mauvais arbitre et l'avis sera vierge, libre de toute sensation ou intellectualisation.
       Je tiens donc avant toute chose à remercier l'inventeur de la touche, de la mouillette ! Bénédiction sans nom que de pouvoir vaporiser sans crainte de se voir plaquer une horreur sur la peau ! Horreur que j'aurais pu préalablement identifier grâce à son nom si les créateurs n'avaient trouvé amusant de jouer avec mes nerfs...



      Il y a donc 6 sets contenant chacun 5 vapo échantillons. Au milieu de deux des lots se dresse une chose brillante. Ayant été pie dans une vie antérieure je décide de commencer par l'un d'eux. Il s'agit de celui codé en V, le bal est lancé :

 
     - V5 : Celui qui brille. J'ouvre délicatement ce qui s'avère être une touche imprégnée, protégée dans un écrin de papier d'alu.  J'aime, c'est terriblement agréable. Je ne pense pas connaitre... J'ai beau minauder encore mieux que Carla, je me heurte à un refus net : on ne me révélera rien (en fait j'ai peu minaudé, sinon bien entendu j'aurais eu ma réponse !) Une idée germe, mais ce n'est que recoupement.

      -V3 : Hmmm, cela ressemble clairement à un Gabuzomeu... Bof... Si, peut être... Il se pose sur la touche et je le reconnais finalement, c'est évident. J'aurais du immédiatement l'identifier. J'aime bien, vraiment, mais je n'userais pas mes stilettos pour aller l'acheter...

     -V4 : Je ne reconnais pas et je ne pense pas connaitre tout court. Pourtant il a quelque chose de familier. L'un de ses cotés me plait, l'autre est détestable. Plus ça va, plus je suis certaine de le connaitre en fait... Le travail, l'esprit...Ça m'énerve de ne pas réussir à mettre un nom dessus. 

     -V2 : Mais c'est quoi ça??? (en fait, je pense avoir eu "truc chelou" en tête). J'adore ! C'est bizarre (chelou donc oui) et addictif. Je me demande comment je suis passée à coté de celui ci, j'en veux !!! C'est... Je ne peux pas le décrire pour le moment, c'est frustrant de le déguster en silence !

     -V1 : Pas mal du tout aussi... Je ne connais pas, pourtant je devrais je crois... Un truc me dérange... Non j'aime bien... Je me creuse la tête, j'ouvre mes chakras aux quatre vents et je m'aventurerais bien à dire qu'il s'agit de Gabuzomeu !

   
     Joli moment avec ce premier lot ! Aucun ne m'a fait peur, rien ne m'a trop agressé et d'une certaine façon, dans une certaine mesure, tout m'a plu à un moment ou un autre... Merci à l'équipe ! Mais je voudrais bien pouvoir sentir ce V5 en version liquide !!! Dites moi ce que c'est !!! Juste afin de voter objectivement après un test sur peau... Logique non ? Voire nécessité absolue...

   Pour bien faire les choses, je ne me suis pas parfumée avant ces tests... Il est temps d'y remédier ! Quoi mettre ? Je scrute mes flacons... Pourquoi pas celui ci, il y a longtemps. Hop je me parfume enfin. Ha... D'accord... Je sais donc qui est V2 ( j'ai aussi été buse dans une autre vie antérieure...)









...Vous pouvez aussi suivre l'olfactorama  ici. Et encore une fois, MERCI à toute l'équipe de l'Olfactorama pour tout le travail de sélection et la préparation de ces délicieux et frustrants sets à l'aveugle.






Addenda : 
voici les noms des parfums qui ont été testés à l'aveugle :
V1 : Smoke for the soul, By kilian
V2 : Imprerial Tea, By Kilian
V3 : Cuir d'Ange, Hermès
V4 : Oeillet Bengale, Aedes de Venustas Parfums
V5 : Dahab, MiN New york




mardi 3 février 2015

Digression : Miel de Bois, Serge Lutens

 Abeille en vol et son récolteur de pollen, 3dvert  


     Une sculpture s'anime, un philtre mi organique mi végétal coule sur la matière et l'éveille à la vie. Si Midas changeait du bout des doigts toutes choses en or, Miel de Bois lui, transfigure la peau en idole païenne, précieuse et animale. Midas faisait mourir, Miel de Bois donne vie.
   
      Lors de sa sortie en 2005 ce sont pourtant deux mots bien éloignés de cette magie qui se sont disputés la priorité : vespasienne et pliz. Urine et ersatz d'encaustique. Bon, voici donc en course une fois de plus le mystère pas si mystérieux des fleurs qui sentent la pisse. Le jeu sur cette frontière est intéressant, je peux sentir de quoi il s'agit, mais pipi et fleur miellée sont bien différents : tentons la tête dans chacun et reparlons en a posteriori un de ces jours...
     Quant à "l'encaustique", la cire est bien là, mais comment réduire une merveille complexe à ce stéréotype domestique pavlovien ??? Tout ce qui est blanc et poudreux n'est pas forcément de la neige... Non, la partition de Serge Lutens et Christopher Sheldrake est bien au delà de ce flirt simpliste.
 
     C'est une histoire d'iris raide qui cercle un arbre vigoureux. Le bourdonnement d'un essaim sur l'écorce laissant une trace cireuse et duveteuse. Une foret acre gorgée de pollen, entre terre et rai de soleil.
      Le miel ne cède rien à la gourmandise. Il reste rude et sauvage. Pourtant quelque chose s'immisce... Une idée de confit boisé, un fût de chêne oublié, à la fois rugueux et poli, le souvenir vague d'une liqueur colorant les parois. En fait c'est à la cire que ce miel cède :  le liquide a fini de couler au fond de la gorge, les doigts broient maintenant les rayons cireux.
     Et cette cire, pleine des bois précieux où elle s'est accrochée, imprègne le corps, le pénètre. Le parfum devient une peau vivante, patinée. Il se fond sur la peau ? Non, la peau exsude Miel de bois, comme si cela lui était naturel. C'est la peau qui transpire et ses fluides sont Miel de Bois. Cet effet est fascinant.
      Une animalité brute et tranquille s'installe. La rudesse apre du miel rustique qui flirtait avec la goutte d'urine se mue en trace de sueur boisée. Le butin des abeilles s'adoucit et blanchit, laissant une fine pellicule onctueuse sur la peau sèche.

     J'ai différents flacons de cet élixir charnel (le cul-cul praliné de Guerlain m'a tuer, pardon...). Ceux datant de 2005 -sa sortie- sont en effet extrêmement raides avec l'effet vespasienne qui pointe. Taillés au silex, alvéoles et bois sont presque agressifs en tête. C'est sans concession, la nature brutale explose. Lorsqu'il se pose il reste sombre, presque ombrageux. Mais l'osmose avec la peau est fabuleuse : c'est avec lui que la patine prend le mieux.
     Les versions plus récentes (je n'en ai pas après 2010, il faut que j'y remédie !) présentent un aspect plus couture et ciselé. "Beaucoup plus beau" d'une certaine façon. Plus délicat et avenant. Du concept païen on passe à la haute couture perverse. Le miel prend sa part sur l'encaustique, les meubles cirés deviennent plus précieux, moins rudimentaires. Le final est moins spectaculaire : le parfum se fond sur la peau sans cette impression que la peau est Miel de Bois. Il reste sublime sans l'ombre d'un doute.

     Avec Muscs Koublaï Khan, Miel de bois fait partie des Lutens dont je ne peux me passer (pour le plaisir de leur simple évocation j'ajoute Iris Silver Mist et Chêne ). Extraordinaire. Tout simplement merci pour ces tableaux Monsieur Serge...

   
   

dimanche 25 janvier 2015

Digression : Maturation en flacon ? Muscs koublaï Khan bis et autres...



Hans Baldung, les 7 étapes de la vie d'une femme. 1544




      Lorsque j'ai écrit mes ressentis quant aux diverses moutures de Muscs Koublaï Khan, je débouchais tout juste mon flacon 2012 pour l'occasion... Et je fus platement décontenancée à défaut d'être sauvagement renversée sur une peau de bête !
    Je le trouvais pâle, épuré, un côté jeune fille en fleur au bord du nez, à la fois limpide et brouillon. Comme un vin un peu plat qui a perdu sa jambe bien charpentée.

      Puis j'ai remis le nez dessus un jour de "économisons la sublime version, lapidons le pis-aller" (oui parfois je suis raisonnable, c'est ridicule.) et j'ai été... Décontenancée à nouveau : il avait repris corps. Quelque chose s'était agencé, s'appropriant l'espace, trouvant de nouvelles marques.  Il reste plus clair que mes autres versions, mais indéniablement il a gagné en profondeur, il s'est assombri et surtout il s'est affirmé.
      J'ai alors pensé à l'effet que m'avait fait la version export lors de sa sortie, plutôt horrible, et à la différence que je sentais aujourd'hui dans mon flacon, plutôt pas mal. J'avais mis ça sur le compte des souvenirs, de la déception, voire tout simplement d'une mauvaise forme nasale lorsque je l'avais senti pour la première fois...

      Récemment j'en ai discuté, à plusieurs reprises, avec différents passionnés, bloggeurs, professionnels, fétichistes des odeurs et autres doux dingues...
      La "simple" reformulation ne peut expliquer un changement au fil du temps dans un flacon (un flacon conservé dans de bonnes conditions. Oui, je vous vois venir : non, mon flacon ne prends pas de bains de soleil, ne file pas du sauna au hammam en passant par l'igloo !). Alors la raison tiendrait elle à la "maturation en flacon" ? Le parfum continuerait il son évolution hors de la cuve où il est un peu censé prendre ses marques me semble t il ? (imaginez, vous achetez du beurre mais à vous de le baratter...). Cet état est plutôt bien reconnu pour L'Heure bleue de Guerlain par exemple, qui prend une toute autre profondeur si on l'oublie quelques temps au fond d'une grotte avant de s'en délecter.
      Et puis il y a aussi une question de matière, de récolte, de lot... Mais la part de matières naturelles permet elle cet écart ? La qualité alors ? La difficulté de stabilité dans l'achat des composants selon les volumes ?
      Et si l'ouverture du flacon activait une réaction ? Pour certains vintages qui semblent avoir subit les outrages du temps, parfois une petite aération est profitable : un peu comme si cela permettait à tous les éléments viciés de se faire la malle loin, loin, loin. Bien sûr cela ne fait pas de miracle, juste du bien ! Mais pour un flacon neuf, jamais ouvert, qu'est ce que cela pourrait faire ? Une sorte d'oxydation positive ? Têtue, j'ai racheté un flacon export arcade (je saute sur tout ce qui bouge, donc sur les occasions aussi !), je vais l'ouvrir, le sentir, noter et l'oublier... On verra bien ce que cela donne !

      Tout fraîchement je viens de tester et comparer (en fort bonne compagnie ! D'ailleurs, mesdames, vos avis seront précieux ;-) ) Bois de Violette, cuvée toute récente et flacon export arcade. La différence est là indéniablement. Et... J'ai cette même impression de "plat" et "clairet" qu'avec Muscs Koublaï Khan 2012. Je me dis alors, que peut être, il faut lui laisser une chance, il ne demande sans doute qu'à s'exprimer, lorsqu'il aura grandi un peu.
      Du coup je me demande ce que donnerait Miel de Bois, ma deuxième passion chez Lutens (j'en parlerai sûrement bientôt). J'ai plusieurs versions là aussi, mais aucune récente, il faudrait que j'y remédie ! Aura t il lui aussi besoin d'une dormance dans un bain révélateur, telle une vieille photo argentique ne demandant qu'à apparaître ? Mais alors aurons nous besoin d'un bain d’arrêt afin de stopper le développement une fois découverte l'image voulue ?


      Bref, Muscs koublaï Khan 2012 est plus joli en 2015 qu'en 2014... Cela valait bien une petite rectification !!!