Puis il y a aussi les idées très jolies dans la tête, ou sur papier, qui se révèlent plutôt laides à haute voix. Sans parler des idées déjà prises qui renvoient à un dentifrice, à un sac à main ou à une secte plutôt étrange, bien que pleine de bonne volonté à n’en pas douter…
Le parfum refuse de me susurrer son nom secret, je dois donc me débrouiller, sans l’ombre d’une évidence cette fois ci. Je mets à plat la grande question : de quel genre de nom ai-je envie ?
-Un nom au charme désuet flirtant avec Les Pois De Senteurs De Chez Moi ? (Et son surprenant Sweet Peas De Chez Moi)
-Un nom sibyllin à l’ésotérisme déroutant copinant avec l’Aqua Divina ? (Prévenant peste et choléra)
-Un nom précis et net offrant toute la fragrance d'un Gardénia ? ( Et qu'un simple Velvet fait basculer dans un autre monde)
-Un nom envoyant tout valser pour dire Adieu Sagesse ? (Après s’être noyé de Que Sais-je ?)
Belle Haleine, Eau de Voilette, Rrose Sélavy 1921 Duchamp |
...Mes idées au charme désuet frisent la tartelette. Celles ésotériques soupirent de ridicule. Celles précises sont toutes déposées et celles philosophiques… En fait j’ai envie de raconter une histoire, que le nom parle du parfum, qu’il montre un chemin mais sans dévoiler toute la route.
Je me lance à l’eau en choisissant déjà d’y faire vivre Lys. Je sais que cela expose à tous les « mais ça ne sent pas le lys » imaginables dont je suis moi même friande avec la plupart des parfums l’annonçant ! Cela ne me pose aucun souci, j’ai la critique gaie.
Le lys est là, comment imager le cheval ? La Garde et le Lys ? J’aime beaucoup, mais l’effet roman historico romantique me laisse dubitative. Autant le réserver pour le titre de mon prochain best seller en partance pour Roubaix.
D’ailleurs puisque rien ne vient, il est temps de poser cette quête un instant et de se changer les idées avec un bon livre. Je parcours ma bibliothèque… Déclic. Il a suffit d’un mot sur le dos d'un livre pour que surgisse de ma mémoire la divinité gauloise, mi femme mi cheval : Epona. Voilà, c’est évident, elle entre dans le nom ! Et puis cela me rappelle Eponine, je voulais m’appeler comme ça après avoir vu ce vieux film en noir et blanc où seul Gavroche chantait alors…
La fleur, la femme, le cheval enfin réunis. Lys et Epona donc. Comment faire fonctionner les deux ? Un Lys pour Epona ? Dans la série très laid à prononcer… Le Lys d’Epona ? Pourquoi pas la bonne du curé… Sous les Lys d’Epona ? Et sous les pis de la vache aussi, jeu de mot involontaire en bonus… Ainsi Epona dansa avec le Lys ? Les mots me manquent…
Finalement une chose étrange se produit : et si j’essayais la simplicité ? Le tourbillon du jus et du flacon mérite cette plage plus sobre, à demi mot, entre le dire et l’évocation. Lys Epona.
Alors oui, j’aurais voulu appeler mon parfum Voilà Pourquoi J’Aimais Rosine. Parce qu’un sentiment se passe de mot, parce que le parfum en vaut mille, parce qu’il n’y a rien à expliquer, juste à respirer, parce que l’odeur est une évidence… Mais Aimé l’a déjà fait.
Voilà Pourquoi J'aimais Rosine. A. Guerlain |
Bonsoir,
RépondreSupprimerQuand l'imagination accompagnée de la passion, épicée du soupçon nécessaire de lucidité,
prend le pouvoir, la réussite est annoncée,
et l'on pourra ainsi dire :
"voila pourquoi j'aime Lys Epona"
Serpentine
Bonsoir Serpentine,
SupprimerAlors là, j'adorerais entendre ça :-)
Le brin de lucidité est l'ingrédient vital afin de pouvoir bouillonner sans exploser en tous sens... J'espère bien en avoir assez en réserve en tout cas... Sinon ça deviendra n'importe quoi, ça peut etre drole...
Bonsoir,
RépondreSupprimerDéjà lorsque vous évoquiez ces flacons anciens, sobres et magnifiques à la fois, et que nous discutions à distance de l'étiquette idéale (le style poétique et très évocateur de Morris semble avoir été assez populaire), je me disais que pour le nom du parfum, c'était déjà tout trouvé. Dans mon esprit, il me tardait de réserver un flacon de Lys Epona (idée toujours d'actualité), comme si ce nom relevait d'une évidence. Une évidence qui s'est dissimulée à vous puisque vous étiez en quête et qu'alors on désire prendre les chemins rencontrés aux carrefours pour voir où ils nous mèneront.
Sonorité latine qui combine l'essence de cette création et les références qui l'ont vu naitre, pourquoi chercher ailleurs un hypothétique Graal.
Oui le nom était tout trouvé, mais il aura fallu quelques chemins de traverse avant... Mais comme il est dit : le voyage compte tout autant que la destination :-)
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