étiquette. Et ce flacon semble un terrain de jeu propice aux multiples explorations avec ces 12 facettes !
Tout est imaginable, du triangle aux coupes droites et franches du corps, à l’ovale orné
d’entrelacs du bouchon, tout prête à une débauche de possibilités. Suivre une pureté de ligne toute Art Déco ou sinuer dans les nouilles Art Nouveau.
Entre affiches et sgraffites, je navigue un instant de Mucha à Van Dievoet, en passant par Prival-Livemont et Cauchie, ne résistant pas au détour par Beardsley… (Et bien sur, de Morris à Horta, Mackintosh à la Wiener Werkstätte, d’Hermeline à Olympia !)
Mais je reprends le fil et automatiquement me viennent à l’esprit ces vieilles étiquettes exubérantes, ornées de fleurs, de femmes, d’animaux, de motifs stylisés ou géométriques … Comme je les aime ces petits papiers pleins de richesses, foisonnants de vie, de couleur et qui se fichent éperdument de l’élégance indémodable d’une petite robe noire lorsque tu ne sais que porter au pince-fesses de monsieur le maire. Ces étiquettes, parfois un peu théâtrales et chargées il est vrai, ont au moins l’avantage de ne pas confondre mystère avec tirer la tronche…
Papiers, feutres, aquarelles, encres, ciseaux, tout s’entasse et vole un peu partout au rythme des essais. Je fais beaucoup de choses, si géniales qu’elles en sont kitsch… En fait je m’amuse énormément, c’est assez joli, mais je sais au fond que cela ne convient pas à ce projet. Je pense que j’adhère tout de même au concept less is more finalement ! Et une fois n’est pas coutume, ce flacon est une pièce qu’il ne faut pas noyer à mon sens.
Donc après moult projets foisonnants de détails je me recentre vers des formes plus épurées et légères. Je fais de même avec la couleur qui se réduit alors à un simple duo. Enfin, après avoir hésité et testé l’or pour l’ambre du jus et l’argent pour la blancheur du bouchon, je me décide pour le premier. L’effet de rappel de l’argent est vraiment beau, il mêle une raideur moderne à une sensation antique et fantomatique qui me plait beaucoup… Seulement Lys Epona n’est pas ainsi. Vieil or lumineux et patiné, c’est la synesthésie qui s’impose.
Il est temps de jouer avec toutes les facettes du flacon et je ne m’en prive pas : chacune a maintenant son petit vêtement en 30 exemplaires, prêt à subir toute les idées qui me passent par la tête. Très vite seules 8 facettes reste en lice, hourra ! C’est horrible, beaucoup de choses me plaisent. Je m’attarde sur celles latérales, leur coté asymétrique est très séducteur. Mais un truc cloche… Voilà : cela me fait penser à une armure de samouraï !!! C’est très beau, mais alors cette image ne me sort plus de la tête et je n’en veux pas… Pourtant j’aime vraiment… Mais non, je ne vois que ça, c’est impossible. Et de toute façon à chaque fois que j’ôte une des étiquettes je constate que moins il y en a, plus ça me plait. Je pense que je vais tout doucement respecter le flacon, juste le souligner, je l’adore, un rien l’habille et c’est ce que j’aime.
L’autre question qui pointe son nez est : mais que vont dire ces étiquettes ? Le nom bien sur, et donc une typo à imaginer. Mes yeux dévorent les livres d’art, de graphisme, ceux sur les parfums anciens, je glane et m’inspire, je prends un feutre et voilà c’est écrit, tout simplement… Enfin, une lettre m’a pourtant résisté, j’ai été incapable de faire exactement ce que voulais, rien à faire pour l’accorder parfaitement à l’ensemble. J’aurais pu prendre une typo toute faite, mais j’ai choisi de garder la mienne meme imparfaite. Je préfère un truc qui cloche un peu et me plait, qu’un truc qui va bien mieux mais copié… (Mais vraiment ça cloche, je crois que je vais m'y remettre et torturer une fois de plus ce E j'usqu'à ce qu'il me cède)
Puis la question que j’ai évitée et qui m’a été posée plusieurs fois refait surface : mon nom sur l’étiquette. Je ne suis pas à l’aise avec ça. Pas de fausse pudeur, humilité ou autre, non, je suis fière et suis capable sans honte de crâner comme une petite fille en chantant sur tous les tons « c’est moi qui l’ai fait » ! Le coté autographe photocopié me dérange, clamer mon existence m’indiffère, et puis je trouve ça dingue de déposer un patronyme comme une marchandise.
Non, il n’y aura pas mon nom sur les étiquettes, Lys Epona en majesté voilà qui est bien assez prétentieux comme ça.
Je suis en complète empathie Lys Epona.
RépondreSupprimerChoisir, il faut toujours choisir et ça devient parfois une torture....passionnante. Une petite Gauldo ?....pour le stress ;-))
Je voulais te conseiller un livre sur le parfum, illustré de belles étiquettes de parfums et de savonnettes, dont certaines très Art nouveau. Mais tu dois peut-être le connaître...Je te MP
Olympia
Avec plaisir la référence du livre, merci :-)
SupprimerUne torture passionante, c'est tout à fait ça! Et je dois etre tellement maso que je viens de décider de changer ce qui avait été fait, cet article m'a fait réaliser que je n'étais pas contente du résultat... J'avais mis de coté le prototype histoire de pouvoir le retrouver avec un oeil neuf et bingo, mon oeil a piqué très fort, c'était très mal ce que j'avais fait! Il ne faudrait pas que cela deviennent une habitude: un changement chaque quinzaine... Aïe...
Oui, une Gauldo et de la mousse de chene vite!!!
Tu pourrais écrire ton nom et celui du nez qui t'a aidée.
RépondreSupprimerVH
A un moment a été évoqué le fait de partir dans la voie "un projet, une collaboration, un parfum", et donc d'avoir le nom du parfumeur, du "brieffeur" (je ne trouve pas le mot!) et de la marque qui mettait la logistique à disposition. Un petit coté Frédéric Malle. Mais cela ne c'est pas fait.
SupprimerPour l'instant je ne veux vraiment pas mon nom dessus... Et mettre seulement celui d'Amélie du coup ça me ferait très bizare j'avoue.
Maintenant pour l'avenir, pour d'autres choses, tout est possible et cette combinaison est une bonne idée.
Olympia, il m'intéresse aussi ce livre...
RépondreSupprimerQuelle belle aventure, on lit, on trépigne d'impatience en attendant la conclusion. Un peu plus, et on pourrait croire que c'est notre bébé à nous lecteurs(trices), mais pas d'usurpation, il n'est pas orphelin, sa maman veille fort bien à son épanouissement.
Et pour son épanouissement je dois bien parfois hausser le ton : "Non tu n'auras pas cette étiquette là" "Non, tu ne peux entrer dans le flacon sans etre à nouveau filtré" "Non, tu ne peux entrer dans ta boite sans papier"... Je suis une mère autoritaire ces temps ci :-p
SupprimerJe me permets de donner la référence du Livre dont parle Olympia: "Mémoires du parfum" de Josette Gontier et J.Claude Ellena(chez Equinoxe)
RépondreSupprimerISBN 2-84135-385-0
Merci Olympia.
Merci!
RépondreSupprimerIl en va des livres comme des parfums, ils s'accumulent joyeusement...et les tentations sont sans fin dans un cas comme dans l'autre (chez moi, ils partagent présentement une armoire et semblent vivre cette proximité avec sérénité).