lundi 18 mars 2013

Numéro neuf et vieux flacons

     Ils ne sont pas bien grands ces flacons… Je vois les niveaux de N°9 et N°11 diminuer inexorablement, ça passe si vite 5ml ! Pourtant il me faut choisir. Enfin non, il n’y a aucune obligation et c’est sans doute une part du problème : ai-je envie de m’arrêter ici ? Ai-je trouvé le parfait accord ? Y aurait il encore une nuance à peindre ?  Et puis parfait en quoi ? ? ?
     Alors non je n’ai pas envie de m’arrêter, j’adore découvrir, triturer, comparer, imaginer, sentir mes chemins prendre odeur, je veux encore tourner autour de ces effluves. Non l’accord n’est pas parfait, ce n’est pas une artillerie head space chromato-spectro qui s’est promené le 8 octobre rue de Sully à Paris. Oui il y a encore des dizaines de nuances à transmettre, des variations infinies même…
     Mais ce N°9 est parfait en un point : je l’aime. Finalement qu’est ce qui pourrait rivaliser avec ça ?


 
Mme Gautreau, John Singer Sargent.
Scandaleuse bretelle dont il ne reste qu'une photo...
    Toutefois je ne cesse de repasser mon nez sur N°11, le trouvant plus ciselé, presque plus beau… Pourtant il ne me touche toujours pas et ça m’agace doucement : c'est la bretelle de Mme Gautreau ! ! !  Ce qui la rend impeccable lui ôte tout côté sulfureux. Alors même si de façon très puérile j’aimerai choisir le plus abouti, de façon totalement instinctive je suis émue par le plus cabossé.  C’est une simple question de charme, de personnalité, d'attrait charnel. Admirer les traits d'une madone mais préférer ceux d'une courtisane… Je n’ai que rarement de goût pour les canons de beauté en vigueur de toute façon !
     Il faut donc que j’arrête de chercher à me dérober et que je m’arrête tout court : je sais que N°9 est le parfum que je veux porter et sentir encore longtemps. Avec ses accidents il est beau, il raconte une histoire, je me sens bien avec lui.
     J’envoie à Amélie : " c’est bon, c’est lui "...

     
    ...Ce parfum est né d’un simple challenge, une idée sans rien de plus qu’une dizaine de flacons à la clé, un fantasme d’amoureuse de parfum tout simplement. Mais depuis que j’ai arrêté mon choix, une phrase revient de temps en temps : et si on faisait un peu plus ? Ca complique un peu les choses… oui, non, oui, non…
     " Est-ce que vous voulez le vendre ce parfum et comment ? " . Voilà en substance ce que l’on me demande aujourd’hui ! Et moi je n’en sais rien du tout, je suis un peu submergée par le tour que cela pourrait prendre. D’une idée totalement créative je bascule dans un univers auquel je n’entends rien.
     Imaginer ce parfum confronté au public est très excitant,  mais voir tout ce que j’y ai mis lâché banalement sur l’autel du commerce l’est beaucoup moins. Je suis terriblement possessive, je n’arrive pas à me dire que d’autres pourraient le prendre en charge et lui donner nom, flacon, boîte… Soyons clairement prétentieuse : je ne veux pas que mon parfum soit habillé par d’autres ! Je me rends compte tout simplement que j’aborde la possibilité de commercialisation comme une mise en place d’un réel projet artistique ! ! ! Que si le jus est central, l’opportunité me donne envie de tout détailler autour, de présenter chaque pan de façon personnelle et unique, de continuer la création à chaque étape… En gros j’envoie valser par pur plaisir créatif cette phrase si chérie « Du N°5 vintage en gourde, ça ira très bien, le reste est superflu ». Enfin, ce serait l’idéal si jamais le parfum devait poursuivre sa vie…

     ... Et puis un jour, je reçois un mail : " Venez voir, j’ai une surprise pour vous si ça vous plait. "
     Comme un déclic, un feu vert, voici, sorti de près de 80 années de sommeil ce qui donna le coup d’envoi à une production un peu moins limitée que prévue…

 Une gourde très spéciale à l'horizon

8 commentaires:

  1. Hello,
    si j'ai bien compris c'est la bretelle tombante qui a ton choix ! pour la suite ma question est : quel sera le "prochain" fait du jour ? le galop s'impose, en amazone of course :-))
    Serpentine

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir serpentine,
      Et oui, cette bretelle qui donne envie de froler l'épaule sous couvert de la remonter, cette bretelle lascive est une invitation... Ou un souvenir ravageur! Le détail qui change toute l'histoire du tableau à mon sens.
      Le prochain "fait du jour" sera sans doute à propos d'un nez... Plongé dans les cartons!!!

      Supprimer
  2. oh le beau flacon ! O.O

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ho oui il est beau!!! On le verra encore mieux bientot ;-)

      Supprimer
  3. Promis juré, je n'oserai pas le porter en ta présence...

    Dans mon cas, ce sera facile vu les kilomètres qui nous séparent.

    Me réjouis de sentir la der de der.

    Véronique

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais si, mais si !!! Je veux le sentir sur toi, j'en suis très curieuse meme :-)

      Supprimer
  4. J’aime bien ces bavardages autour des parfums. Ce qui me ferait bien plaisir ce serait d’apercevoir un échantillonage de ces recettes!
    Enfin continue car je me régale et il me semble que je peux les sentir malgré la distance.
    Bon vent pour la suite. Marie13

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Marie,
      Ha les recettes, top secret défense entre les mains de la parfumeuse!!!
      Je suis heureuse qu'à travers mes mots tu puisses les imaginer... En attendant de pouvoir les sentir ;-)
      Au plaisir de te croiser bientot!

      Supprimer