J'ai choisi la version de Lys Epona courant mars, toute fin d'hiver, avec son temps parfois étrange, humide, frais, mais pas toujours... Puis j'ai découvert son visage définitif, celui d'après le sortilège de l'eau, début mai, au cœur du printemps et de ses jours plus cléments, encore un peu agités par moment...
Depuis, toutes les saisons ont parlé, même si je ne connais pas encore le froid presque polaire que peut nous réserver janvier !
Et après l'avoir retournée en tout sens, à la hussarde même, après l'avoir disséquée, toujours avec amour, je la connais donc enfin sous tous les temps et ça c'est essentiel... C'est surtout divinement bon !!!
En plein à priori, avant de vivre la complète révolution astrale en sa compagnie, j'ai immédiatement pensé que le meilleur des temps pour elle était une belle journée tiède, un peu venteuse, entre coup de chaud et frais. Une météo qui mettrait tous les éléments au même niveau afin que chacun parle comme il l'entend.
Puis le calendrier s'est écoulé, j'ai appris et les belles journées ensoleillées et fraiches du moment m'ont donné envie de parler de toutes les différences d'humeur de la bête.
Du Printemps :
Mon premier contact d'une certaine façon. Et effectivement c'est là que j'ai entendu toutes ses
matières se répondre le plus clairement, chacune où je l'attendais.
Au printemps Lys Epona s'est révélée combative, farouche et fière, dévoilant doucement son
labdanum sans vraiment en jouer toutefois... Ce qui a été une très belle ruse pour m'apprivoiser je
dois dire !
L'animalité était sauvage et la sensualité d'un rêche séducteur... Apre et enjôleuse, Lys Epona a joué carte sur table sans pour autant dévoiler son jeu. Tout y était cédant goutte à goutte chaque image sans jamais tomber le masque... Vive dans les coups de froid, sensuelle dans les courants chauds...
Le printemps finalement lui donne un air qui se moque de tout, elle vit sa vie.
De l'Eté :
Puis les jours ont explosé sous la chaleur et j'ai eu peur. Peur de voir surgir le labdanum et l'entendre crier vanille (oui j'ai des peurs irrationnelles, mais toujours de bon gout !). Pourtant c'est une moiteur languissante qui est apparue sous la toxicité narcotique des fleurs blanches et ce fut délicieux !
Comme macérée dans ses fantasmes Lys Epona a exhalé entre moiteur et raideur. Acreté d'écurie
mêlée de salive séchée, une explosion charnelle !
Le labdanum est monté aussi, comme l'accessoire nécessaire à la balance entre rigidité et décomposition... Le gant de la main qui gifle.
De l'Automne :
Lorsque le temps s'assombrit, l'image devient ombrageuse et Lys Epona glisse dans un univers plus rude, une danse avec les éléments s'opère et elle se trouve gorgée d'une nostalgie sensuelle.
Parfois un peu jeune dans sa course, le vert sec trébuche et se mouille dans l'écurie... Plus mure elle se trouble d'un lys pourrissant sur un lit médicinal.
Elle joue sur une fraicheur qui se laisse vaincre par la chaleur d'un labdanum fusant au milieu des
fleurs.
Elle est la ruade qui défie le temps, un dernier galop de liberté, érotique, presque rageur, celui qui fait perdre la notion du temps.
De l'Hiver :
Saisie par le froid Lys Epona pétille ! Ultra vivifiante elle offre son ouverture aux quatre vents et fouette le sang avec eux.
Les fleurs sont un peu closes oui, mais elles sont bien là, comme un cachemire autour du cou, léger mais confortable... Indispensable !
C'est raide, rêche, âpre. Et pourtant un murmure chaleureux accompagne la course éperdue. Comme si les matière cristallisées se condensaient sur un cuir encore tiède.
Elle s'est roulée dans les herbes fraiches, a accroché quelques fleurs tardives à ses jupons et maintenant elle rit de tout ça.
Aujourd'hui je ne saurais choisir sa saison... J'avoue juste que le printemps n'est pas ma préférée, c'est étrange, c'est pourtant le temps de notre rencontre...
Les photos sont celles de kimonos réalisés par Itchiku Kubota, de pures merveilles respectant la technique ancienne "Tsujigahana". Cote à cote ces kimonos forment un paysage continu. Un temps fou pour les réaliser, l'œuvre d'une vie... Sublimes.
Les informations sont éparses à ce sujet mais elles méritent la recherche...
Moi, c'est à la tombée de la nuit que je commence
RépondreSupprimerà l'apprivoiser ! et vice versa
Merci de nous faire partager les merveilles de Itchiku Kubota , belle découverte, elle aussi
la passante
J'espère qu'apprivoisé à la tombée de la nuit il se glissera finalement en toutes saisons ;-)
RépondreSupprimerCes kimonos sont splendides, un travail et un art terrible, si fin ! Je ne les ai jamais approchés, voilà qui me donne à rever...