samedi 8 juillet 2017

Digression : D'Humeur Rêveuse, L' Artisan Parfumeur




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                Je n'ai aucun souvenir de cette Humeur ci... De la sortie du coffret en 1998 ma mémoire  n'a gardé que la Massacrante et celle A Rien.  Humeur rêveuse n'étant sans doute pas assez marquante ou dans mes goûts. Pourtant en 2005 j'ai craqué immédiatement pour Extrait de Songe... Quel rapport ? Et bien Humeur Rêveuse et Extrait de Songe sont, créés tous deux par d'Olivia Giacobetti, les mêmes parfums. Le joli nom de ce dernier sonnant comme un rappel après sept années de discontinuation. Je pourrais sans doute trouver des différences, à vrai dire j'en trouve un peu. Tout comme j'en ai trouvé à l'époque entre Extrait de songe et L'Eté en Douce (ce dernier nom n'étant que le résultat d'un différent avec la maison Goutal autour de son parfum Songe, qui, olfactivement, n'a d'ailleurs rien à voir. ). Mais est ce du à mon imagination, au vieillissement des jus ou à un réel remaniement ? Je ne saurais le dire. Une chose est certaine il ne s'agit pas de déclinaisons ou d'inspirations mais bel et bien d'une même partition tout au plus jouée par différents musiciens.


              D'Humeur rêveuse : " Un parfum Bleu. Comme l'infini où s'égare les rêveries. Moelleux comme le lit aux draps métis fraîchement lavés et séchés au soleil. Où l'on s'abandonne à la somnolence de la sieste, l'esprit vagabondant entre veille et sommeil. Tendre comme la brise agitant mollement le rideau de lin blanc et apportant dans la chambre obscure les parfums de campagne. Frais comme un verre d'eau de fleur d'oranger posé tout près de l'oreiller.
    Une bonne raison de le porter : faire, pour une fois, l'éloge de la paresse, et ne pas se laisser tout à fait réveiller par l'agitation alentour. "
Extrait du livret accompagnant le coffret.

            Un fût de bière oublié sous l'ombre d'un tilleul, au pied d'un muret de pierre fraîche. La curiosité pousse à ouvrir le tonneau, le nez juste au dessus de la trappe... Voilà la première impression à la vaporisation d'Humeur rêveuse : une bouffée aldéhydée emplie de tilleul et de levure, le cul de bois patinée et très doux. A peine échappées, les vapeurs se dispersent et laissent flotter dans l'atmosphère des particules plus subtiles et changeantes. Plus douces.
                On aperçoit alors un bouquet de roses, vineuses et un peu grasses. Mais elles ne font que flotter, comme une trace attachée aux lieux, pas de majesté ici. Tout au long de l'évolution elles jouent sur un faux cosmétique, des accompagnatrices de l'ombre. La véritable majesté reste le tilleul. Les fleurs à point, miellées et transpirant une toxicité plastique. D'ailleurs elles appellent le lilas, comme une préfigure d'En Passant  (qui sortira en 2000). Un lilas qui aurait copulé avec une glycine et qui s’emmêlerait dans un immense tilleul, fleurs jaunes et grappes mauves dans un subtil équilibre. A coté de cette danse, piqués entre pierre et chaume, se dressent des iris, accrochant l'eau et la craie.                
                 Il y a au milieu de ce bouquet un twist fruité. Pas un fruit mûr, solaire ou sucré. Plutôt une idée de peau de pomme, odorante et végétale.
                L'amertume céréalière ne quitte pas le tableau. On évolue dans une tiédeur fermentée.  Il se glisse même une esquisse de tabac ultra blond, une feuille enveloppante très fine et transparente mais qui garde la douceur d'un soleil rasant. De l'herbe séchée qui resterait duveteuse poudre l'ensemble.
                Je me sens bien dans cette humeur. Entre rêverie et griserie. L'étourdissement du départ se fait de plus en plus délicat. La bière au tilleul, brute et acre, se réchauffe. Après la vivacité du fruit et la rondeur du cosmétique elle met l'accent sur une patine plus boisée sans pour autant devenir boisé : c'est le tronc du tilleul qui chauffe au soleil, le fond de la cuve qui apparaît après désaltération. J'y apercevrais presque le fantôme blanc d'un encens zen, son empreinte fumée imperceptible. (Olivia Giacobette chez Iunx...)
                 Finalement il a quelque chose de sensuel. Pas une sensualité qui appelle franchement la sexualité ou la séduction. Non. Celle qui éveille les sens, celle de la peau heureuse. La facette levure/bière résonne comme l'écho de cette peau ouverte au plaisir. Plénitude et contentement sont tout proches. Ce parfum n'est pas innocent.




               
Tilleul "sully", Veilly

         

             

P.S : En considérant qu'ils sont jumeaux, j'ai souvent lu à propos de L'Eté en Douce qu'il était un parfum doux (voire même "doudou", l'insulte crétinisante ultime en ce qui me concerne.) et réconfortant. Propre et enfantin aussi. Si j'arrive à comprendre le ressenti de cette dimension je n'arrive en revanche absolument à comprendre comment on peut passer à coté de tout ce pan gorgé de sensualité. Un édredon ou un enfant qui sent la bière, ce n'est pas vraiment lisse. Admettons juste que je parle de L’Été en Douce à sa sortie et qu'il a du être reformulé depuis...
             
             
             


         

2 commentaires:

  1. Han, tu sais parler de sensualité comme personne ! Splendide !

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  2. Ho! Ca me fait terriblement plaisir ce que tu écris Lizzie ! Merci beaucoup :-)
    Et puis second plaisir : te voir passer, tu te fais rare !

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