mercredi 24 décembre 2014

Digression : L' Heure Promise et L' Heure Fougueuse, Cartier.

 
     Chez Cartier les Heures sortent sans se soucier de l’horloge, au gré de l’inspiration de Mathilde Laurent. Tableaux lumineux ou sombres, pétillants, vibrants, charnels, farouches et poétiques, elles sont de véritables trésors.
      Mes aimées sont de dentelle ou de cuir, ciselées ou martelées, elles sont chères à mon nez, à ma peau, à mon portefeuille...



  I, L'Heure promise : 

      Un éclat vert parsemé de poussière argentée, une fulgurance violette autour de laquelle s'enroule
des volutes brunes. La douceur est écartelée, explosée. Elle est présente mais brisée en mille éclats par la fraîche raideur princière de l'iris. Pourtant ce n'est pas un iris rêche ou terreux, il reste âpre et un peu amer même, gorgé de givre, limpide. L'odeur s'assèche. Une condensation en forme de bâton de rouge à lèvre au fond d'un sac glacé prend forme. Un savon craquelé s'émiette, poudre s'insinuant dans chaque recoin. Et puis le santal. Comme une fumée d'encens découvrant un autre paysage. Ça se réchauffe, oscillant de plus en plus entre rondeur baumée, musquée et sécheresse âcre. Rigide mais généreux. Vapeur de santal et poudre d'iris ourlées d'une douce acidité toute féminine, c'est une déesse aux huit bras qui se dresse, enveloppante et intransigeante, esquissant un orgueil charnel à qui peux la voir...

     Celle qui s'est imposée comme une évidence, un coup de foudre olfactif. Un sillage sublime, une tenue magistrale. L'Heure des anges ? Absolument pas pour moi... Douce et tendre ? Toujours pas...



  IV, L'Heure Fougueuse : 

    Le souffle fraîchement anisé d'une chevauchée entre pampa et steppe sous un soleil qui ne chauffe pas. La chaleur c'est le corps, celui d'un étalon épris de liberté. C'est aussi le maté, préparé sous le boisé du chêne. Tiédi par le vent avant même qu'il ne coule, un peu rugueux, au fond de la gorge. Un confort spartiate plus grisant que tous les moelleux du monde. L'immensité des paysages miroite entre vert tendre et paille brunie. L'étendue est sauvage. Pourtant elle a l'assurance calme et bienveillante. C'est le moment où la peau rudoyée s'apaise. Le floral blanc jauni qui dansait avec l'herbe doré se patine d'accent presque gras. Un cuir vivant qui ne pousse pas dans une tannerie. C'est une animalité tendre, au grand air. Rien de sale, juste du foin qui s'accroche au crin, de la peau qui a palpité... Tout est limpide et à perte de vue, sans entrave. Un paysage, un animal totem, une communion.

    Véritable coup de cœur dès sa sortie en 2010. Une vision de l'animal qui ne cède pas au fécal, au sexuel ou au simple fumet cuiré... Toute en nuance sans perdre de caractère.








    ... Il y en a d'autres que j'aime. C'est d'ailleurs assez étrange car sur les dix que compte actuellement la collection, seule une me déplaît franchement : VIII, L'Heure Diaphane. Elle marche très bien parait il... Vraiment ? Les gens aiment donc l'odeur des toilettes de luxe toutes propres, récurées de frais...
    Mais peu importe après tout puisqu'il y a :  X L'heure Folle et son buisson de mures, XII L'Heure mystérieuse et son encens nimbé d'étrange jasmin, XIII La treizième et son cuir fumé rude et pourtant délicat, II L'Heure Convoitée et son œillet éclatant des pépins de fraise , VII L'Heure Défendue et ses fèves de cacao foulées aux pieds...



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