mardi 23 avril 2013

Digression : Musk du Roy, Visconti

    A force de me parler de poney, j’ai eu envie d’une petite douceur…

    Le charme des fleurs, la rondeur d’un fruit, le réconfort d’un chocolat chaud, la pétulance d’un agrume, la magnifique société hygiéniste en flacon, bourrée de muscs lessiviels car il faut au moins sentir le propre à défaut de l’être vraiment… Voici exactement où nous ne sommes pas avec ce parfum !

    Il devient très rare de trouver dans la parfumerie actuelle des notes appelant plus le corps que la lessive, des notes flattant plus l’animal sexualisé que celles flattant l’animal socialisé. Lorsqu’elles sont présentées, elles se parent souvent de voiles séducteurs aux codes stéréotypés ou d’ambiances érotico estivales, mais plongent rarement la tête au cœur des fesses sans préliminaire !







Une marque qui recèle des choses parfois
radicales et bien fichues!
    Alors lorsqu’une niche plutôt obscure, voire totalement inventé au fin fond d’une cave ouzbek, s’offrant les services d’un reverso lituanien, lui-même sous traitant à un bushman très occupé, offre dans un coffret aux jolies coquilles, cette petite merveille, pas la peine d’en savoir plus, on sourit devant le surréalisme de la prose et l’on se vautre avec délice dans le jus bestial !

    Découvrir Musk du Roy au bouchon fait monter le rose aux joues et allume dans l’œil une interrogation troublée. Si l’on n’est pas outré par le propos, on le découvre à la vaporisation et l’on est alors propulsé devant un postérieur royal totalement impudique et triomphant, une couronne de jasmin en guise de Prince Albert sur l’autre face.

    Mais il n’est pas que ça…

    Le départ annonce déjà la couleur en effet, on ne nous ment pas sur l’histoire qui va suivre avec lui. Pourtant au milieu de ce qui se rapproche le plus d’une civette, une lumière pétille de vert crissant, de jasmins encore jeunes, de roses tendres, à peine mouillé d’angélique piquante, amère et rugueuse. Si l’on se prépare à l’orgie, traverser pour s’y rendre le petit jardin en jetant des coups d’œil à travers les bosquets est alors charmant.
    Puis très vite l’évolution du jasmin se radicalise, d’un vert légèrement aqueux il bascule vers son aspect indolique le plus poussé, de plus en plus ample, et la fleur prend une texture assez incroyable, dense et souple, très narcotique et toxique. La civette, très fécale au départ, commence à jouer avec des notes plus proches de la peau (enfin pas celle du front !) sans pour autant perdre de force, car arrive un autre ingrédient au fort potentiel : la cire ! Comme une patine qui se mêle à la peau, l’enveloppe, fait ressortir son odeur naturelle et en même temps l’imprègne de l’air trouble ambiant. Une cire animale, pas l’encaustique dont on frotte la maie détournée, mais bien celle, âpre et épicée, semblant suinter du cuir, de la peau…
    Ce jeu dure longtemps et c’est divin. Civette, cire et indole jouent au fond de la gorge en ronronnant, organiques. Et même si un fantôme, un peu épais et plastique, de fleur d'oranger semble venir rôder lascivement, il y a aussi un souffle décomplexé, lumineux et floral qui allège l’idée de sale et de luxure.

    D’ailleurs, doucement s’impose un bout de savon, un peu vieux, pas parfumé, un peu piquant, un savon que l’on avait totalement ignoré alors qu’il était là dès le départ. La fête s’éteint mais il reste des bouts d’odeur : sous lui on devine encore la peau, repue, toilettée vite fait, heureuse de ces moments singuliers.

    Alors oui ce Musk du Roy est radical. Sa construction relève-t-elle d’une facture grossière ou bien simplement d’un réel parti pris sans concession ? La fesse crottée ou bien le corps torride ? Si je ne peux m’empêcher de sentir à plein nez la civette fécale et être fascinée, je suis tout autant subjuguée par ces fleurs voluptueuses et ce savon frais.
   Musk du Roy est une liberté pleine de vie et non de vice.

mercredi 17 avril 2013

D'étiquettes en étiquettes

 
   Maintenant qu’elle est parée d’un flacon et d’une boîte Lys Epona a besoin de trouver une
étiquette. Et ce flacon semble un terrain de jeu propice aux multiples explorations avec ces 12 facettes !
   Tout est imaginable, du triangle aux coupes droites et franches du corps, à l’ovale orné

d’entrelacs du bouchon, tout prête à une débauche de possibilités. Suivre une pureté de ligne toute Art Déco ou sinuer dans les nouilles Art Nouveau.
   Entre affiches et sgraffites, je navigue un instant de Mucha à Van Dievoet, en passant par Prival-Livemont et Cauchie, ne résistant pas au détour par Beardsley… (Et bien sur, de Morris à Horta, Mackintosh à la Wiener Werkstätte, d’Hermeline à Olympia !)  
   

   Mais je reprends le fil et automatiquement me viennent à l’esprit ces vieilles étiquettes exubérantes, ornées de fleurs, de femmes, d’animaux, de motifs stylisés ou géométriques … Comme je les aime ces petits papiers pleins de richesses, foisonnants de vie, de couleur et qui se fichent éperdument de l’élégance indémodable d’une petite robe noire lorsque tu ne sais que porter au pince-fesses de monsieur le maire. Ces étiquettes, parfois un peu théâtrales et chargées il est vrai, ont au moins l’avantage de ne pas confondre mystère avec tirer la tronche…

   Papiers, feutres, aquarelles, encres, ciseaux, tout s’entasse et vole un peu partout au rythme des essais. Je fais beaucoup de choses, si géniales qu’elles en sont kitsch… En fait je m’amuse énormément, c’est assez joli, mais je sais au fond que cela ne convient pas à ce projet. Je pense que j’adhère tout de même au concept less is more finalement ! Et une fois n’est pas coutume, ce flacon est une pièce qu’il ne faut pas noyer à mon sens.

    Donc après moult projets foisonnants de détails je me recentre vers des formes plus épurées et légères. Je fais de même avec la couleur qui se réduit alors à un simple duo. Enfin, après avoir hésité et testé l’or pour l’ambre du jus et l’argent pour la blancheur du bouchon, je me décide pour le premier. L’effet de rappel de l’argent est vraiment beau, il mêle une raideur moderne à une sensation antique et fantomatique qui me plait beaucoup… Seulement Lys Epona n’est pas ainsi. Vieil or lumineux et patiné, c’est la synesthésie qui s’impose.

    Il est temps de jouer avec toutes les facettes du flacon et je ne m’en prive pas : chacune a maintenant son petit vêtement en 30 exemplaires, prêt à subir toute les idées qui me passent par la tête. Très vite seules 8 facettes reste en lice, hourra ! C’est horrible, beaucoup de choses me plaisent. Je m’attarde sur celles latérales, leur coté asymétrique est très séducteur. Mais un truc cloche… Voilà : cela me fait penser à une armure de samouraï !!! C’est très beau, mais alors cette image ne me sort plus de la tête et je n’en veux pas… Pourtant j’aime vraiment… Mais non, je ne vois que ça, c’est impossible. Et de toute façon à chaque fois que j’ôte une des étiquettes je constate que moins il y en a, plus ça me plait. Je pense que je vais tout doucement respecter le flacon, juste le souligner, je l’adore, un rien l’habille et c’est ce que j’aime.

    L’autre question qui pointe son nez est : mais que vont dire ces étiquettes ? Le nom bien sur, et donc une typo à imaginer. Mes yeux dévorent les livres d’art, de graphisme, ceux sur les parfums anciens, je glane et m’inspire, je prends un feutre et voilà c’est écrit, tout simplement… Enfin, une lettre m’a pourtant résisté, j’ai été incapable de faire exactement ce que voulais, rien à faire pour l’accorder parfaitement à l’ensemble. J’aurais pu prendre une typo toute faite, mais j’ai choisi de garder la mienne meme imparfaite. Je préfère un truc qui cloche un peu et me plait, qu’un truc qui va bien mieux mais copié… (Mais vraiment ça cloche, je crois que je vais m'y remettre et torturer une fois de plus ce E j'usqu'à ce qu'il me cède)
     

 

  Puis la question que j’ai évitée et qui m’a été posée plusieurs fois refait surface : mon nom sur l’étiquette. Je ne suis pas à l’aise avec ça. Pas de fausse pudeur, humilité ou autre, non, je suis fière et suis capable sans honte de crâner comme une petite fille en chantant sur tous les tons « c’est moi qui l’ai fait » ! Le coté autographe photocopié me dérange, clamer mon existence m’indiffère, et puis je trouve ça dingue de déposer un patronyme comme une marchandise.
   Non, il n’y aura pas mon nom sur les étiquettes, Lys Epona en majesté voilà qui est bien assez prétentieux comme ça.




lundi 15 avril 2013

Bouts de vie illustrés

Un petit tour de manège aujourd'hui : je vous emmène du coté de la palette magique d' Elodie qui a bien compris qu'un parfum ça sent bon, ça sent les fleurs et la princesse... Meme si tout le monde n'est pas d'accord !









Illustration :Elodie Lahaye

jeudi 11 avril 2013

Digression : Gauloise de Molyneux

     Parfois l’idée absurde de faire un peu de tri parmi tous mes flacons me prend, disant qu’il est temps de me délester de ceux qui dorment depuis trop longtemps. Je navigue alors entre cartons, armoires, étagères et recoins insoupçonnables, je mets tout par terre et je redécouvre alors certains jus oubliés.

     Devant moi se dévoile un surprenant flacon, délicate opaline blanche à la structure épurée, rehaussée d’un élégant liseré bleu roi : Gauloise de Molyneux. Bon, arrêtons de respirer des paillettes, c’est juste un bon vieux paquet de gauldo en verre et plastique que l’on jette négligemment sur la table de nuit à 4h du matin, so 80’… Laid et massif, il assume son style, et c’est toujours mieux qu’un cygne Avon finalement !



Gauloise 1980



     Mais ce paquet stylisé renferme un truc plutôt pas mal : Gauloise envoie, pas de dentelle, rien de ciselé, pas du lourd ou brutal non plus, juste un jus comme on n’en fait plus, pas le plus beau, ni même le plus représentatif, juste bien de son temps et réussi, un archétype du « je ne boude pas mon plaisir » ! Et à voir les trois flacons que j’ai, je n’ai pas boudé mon plaisir d’achat ! Enfin, les concentrations ne sont pas les mêmes, j’ai une excuse.    
   A l’heure où la mousse de chêne est en passe de devenir aussi mortifère que la cigarette je ne peux résister à une petite inhalation de cette quintessence du mal…

    Le premier flacon est un testeur et nous promet une :
Note florale verte, originale et moderne, s’épanouissant sur un fond précieux d’harmonies boisées et ambrées
    Et afin d’être certain de nous allécher totalement il nous invite au voyage à chaque matière :
Principaux composants :
-Ylang-ylang de l’île de Bourbon
-Rose de pays
-Hélichryse de Provence
-Noix de muscade de Sumatra
-Santal de Mysore

-Oliban de Somalie
-Absolue d’ambrette des Indes orientales
-Opoponax d’Iran.

   

   Ce n’est pas bio, mais l’on sait d’où ça vient ! Et ça fonctionne très bien avec moi, je trouve ces noms terriblement évocateurs, c’est beau jusque dans la sonorité, bien plus excitant qu’un Terpinol, Muscone, Jabanol ou Iso E super...
    L’ouverture se fait dans un généreux souffle de roses complexes, chyprées à l’ancienne mais tempérées par une verdeur assez tendre... Une jacinthe qui s'éloigne, l’empreinte un peu rêche, vaguement cernée d’une amertume amandée, mais finalement plutot douce et suave. Rien d’acide ou vineux, la rose est épanouie sans être sombre, elle conserve une certaine transparence même ! Finalement il n’attaque pas si fort, les codes 80’ n’ont pas encore pris le pas sur ceux 70’.
    Doucement la rose se pare d’un aspect cosmétique, servant de lit à un musc étrangement poudré d’immortelle. Oui l’immortelle joue d’abord sur les cosmétiques ici, par un effet « pulvérisé » elle matifie et assombrit l’horizon rose, une poudre, un poudré corrompu, entre café et curry anisé.
    Et lorsque l’œillet fait son apparition accompagné de muscade, un voile piquant et âcre se mêle au tableau, dansant avec la mousse de chêne de plus en plus présente.
    On glisse alors dans univers plus corsé où la mine de crayon trempe dans un verre de whisky légèrement tourbé, délayant des notes plus chaudes et ambrées, amenant l’immortelle au bord de la liqueur. Le bouquet rose et blanc devient fantomatique, on plonge dans des volutes plus nocturnes…

   Cette Gauloise au départ juvénile prête à affronter son cours de socio, dévoile finalement, prête à affronter la nuit, une femme au cul diablement sexy dans ce jean…

   Envie d’une Gauldo ?


mardi 9 avril 2013

La main dans la boîte


                                                                                                                   
      Je me souviens de l’école primaire où l’on nous avait fait faire des boites ! Sur des cartons fins, tracer un cube déployé et ses languettes nécessaires au collage, conceptualiser l’espace, puis découper et faire minutieusement tout coïncider. Cela m’a amusée un instant et très vite entre les languettes manquantes et celles en trop, une fois le truc compris, c’est devenu terriblement lassant… Alors, lorsqu’évidemment ce flacon a eu besoin d’une boite je me suis échappée très vite de l’idée de construction totale ! En plus avec sa forme il aurait fallu tout plein de supports internes, un temps fou et une aptitude à appréhender cet espace qui me dépasse ! J’ai fuit, avec comme superbe prétexte l’argent fou et le temps précieux que cela ne manquerait pas de demander : la conception, les matériaux, le montage, l’impression, tout ça pour une si petite quantité… Il me fallait plus simple à tout point de vue.
    Partir d’une boite toute bête, existant déjà, sur laquelle il suffirait de coller un joli Lys Epona et hop le tour serait joué… Bon, je ne demande pas si simple que cela non plus !

    Je rêve ma boîte idéale en écrin précieux, tel un porte-montre ancien, ou encore un autel de voyage s’ouvrant sur sa divine potion… Voyage… Oui, Lys Epona est faite pour voyager, traverser l’océan à bord de L'Olympic, au milieu des minaudières, des nécessaires de toilette, des malles et des bottines en cuir ! Sa boite ne peut pas être un luxueux objet de vitrine, elle a besoin d’être trimbalée partout, au fil des galops. Nid douillet recelant l’indispensable, elle ne peut être juste du carton le temps de sortir de la boutique…

    Il me faut habiller une boite. Donc trouver une boite dont les mesures seront à hauteur du flacon, donc roder partout où je peux rencontrer des boites. Et je ne rencontre rien de plaisant : le vaste monde des boites ne me parle pas. Et puis je manque de cœur à l’ouvrage il est vrai : j’aimerai que par magie la boite rêvée me tombe dessus toute prête, avec à peine une touche personnelle à y ajouter. Là mon manque d’enthousiasme, totalement incompréhensible, est assez agaçant et n’aide pas !
    Mais en fait j’ai une idée qui me trotte dans la tête et n’ayant rien trouvé qui s’en approche assez je deviens butée…

    Le temps passe et lorsque l’heure arrive où l’on me demande ce que j’ai choisi je n’ai qu’un seul mot : rien. Pourtant il faut bien avancer. Après les justifications prouvant la nullité de toutes les boites du monde, j’explique enfin ce que j’aimerais sans penser aux contingences matérielles :
J’ai chez moi une immense pile de cartons à chapeaux, côtoyant de vieux bagages, portant les étiquettes de leurs escales, des boites anciennes de corset et autres fanfreluches pour élégantes… C’est ça que je veux. Une carton de voyage, une boite sortant du dernier Magasin pour Dame à la mode en 1911, un colis qui découvre doucement l’objet attendu…

«Attendez… Voilà... Ca ?!? Si ça vous parle, vous pouvez en faire quelque chose, la boite est à votre disposition »

    




Illustration : Elodie Lahaye
    Tel un magicien, on me sort du chapeau la boite qui pourrait bien être parfaite et j’oublie toute ce que je ne voulais pas faire : il va y avoir du boulot !
    Parce que oui cette boite est totalement dans l’esprit de ce que je voyais, mais elle est aussi totalement à repenser ! Penser ça va vite, je sais déjà ce que je vais faire, je mets en route les essais le jour même, le prototype est déjà né…

  
Essai, prototype, boite, bazar...
  







    Une centaine de boites en perspective demandant chacune 1h30 de transformation… Je ne voulais dépenser ni temps ni argent, c’est raté. Mais me voici enfin enthousiaste !









mardi 2 avril 2013

Voilà Pourquoi J'aimais Rosine

    La première chose sur laquelle je me jette est la recherche d’un nom pour ce parfum. J’ai une explosion d’idées, des plus sérieuses aux plus absurdes, en un mot ou en dix… Une profusion où je me noie, persuadée à 03h06 du matin d’avoir trouvé le plus beau de tous, réalisant à 11h24 que c’est surtout stupide ! Les idées germant après maints Pimento Whisky ne sont jamais vraiment bonnes, on le sait depuis la nuit des temps…
    Puis il y a aussi les idées très jolies dans la tête, ou sur papier, qui se révèlent plutôt laides à haute voix. Sans parler des idées déjà prises qui renvoient à un dentifrice, à un sac à main ou à une secte plutôt étrange, bien que pleine de bonne volonté à n’en pas douter…

    Le parfum refuse de me susurrer son nom secret, je dois donc me débrouiller, sans l’ombre d’une évidence cette fois ci. Je mets à plat la grande question : de quel genre de nom ai-je envie ?
    -Un nom au charme désuet flirtant avec Les Pois De Senteurs De Chez Moi ? (Et son surprenant  Sweet Peas De Chez Moi)
    -Un nom sibyllin à l’ésotérisme déroutant copinant avec l’Aqua Divina ? (Prévenant peste et choléra)
    -Un nom précis et net offrant toute la fragrance d'un Gardénia ? ( Et qu'un simple Velvet fait basculer dans un autre monde)

    -Un nom envoyant tout valser pour dire Adieu Sagesse ? (Après s’être noyé de Que Sais-je ?)

Belle Haleine, Eau de Voilette, Rrose Sélavy 1921
Duchamp
    Une chose est sure, J'éviterai sans difficulté les raffinés Des Lys et Merveilles ou autre Centaure de Lys !!! Duchamp a déjà fait la seule chose admirable dans ce domaine...   

    ...Mes idées au charme désuet frisent la tartelette. Celles ésotériques soupirent de ridicule. Celles précises sont toutes déposées et celles philosophiques… En fait j’ai envie de raconter une histoire, que le nom parle du parfum, qu’il montre un chemin mais sans dévoiler toute la route.
    Je me lance à l’eau en choisissant déjà d’y faire vivre Lys. Je sais que cela expose à tous les « mais ça ne sent pas le lys » imaginables dont je suis moi même friande avec la plupart des parfums l’annonçant ! Cela ne me pose aucun souci, j’ai la critique gaie.
   Le lys est là, comment imager le cheval ? La Garde et le Lys ? J’aime beaucoup, mais l’effet roman historico romantique me laisse dubitative. Autant le réserver pour le titre de mon prochain best seller en partance pour Roubaix.

    D’ailleurs puisque rien ne vient, il est temps de poser cette quête un instant et de se changer les idées avec un bon livre. Je parcours ma bibliothèque… Déclic. Il a suffit d’un mot sur le dos d'un livre pour que surgisse de ma mémoire la divinité gauloise, mi femme mi cheval : Epona. Voilà, c’est évident, elle entre dans le nom ! Et puis cela me rappelle Eponine, je voulais m’appeler comme ça après avoir vu ce vieux film en noir et blanc où seul Gavroche chantait alors…

    La fleur, la femme, le cheval enfin réunis. Lys et Epona donc. Comment faire fonctionner les deux ? Un Lys pour Epona ? Dans la série très laid à prononcer… Le Lys d’Epona ? Pourquoi pas la bonne du curé… Sous les Lys d’Epona ? Et sous les pis de la vache aussi, jeu de mot involontaire en bonus… Ainsi Epona dansa avec le Lys ? Les mots me manquent…
    Finalement une chose étrange se produit : et si j’essayais la simplicité ? Le tourbillon du jus et du flacon mérite cette plage plus sobre, à demi mot, entre le dire et l’évocation. Lys Epona.

 


    Alors oui, j’aurais voulu appeler mon parfum Voilà Pourquoi J’Aimais Rosine. Parce qu’un sentiment se passe de mot, parce que le parfum en vaut mille, parce qu’il n’y a rien à expliquer, juste à respirer, parce que l’odeur est une évidence… Mais Aimé l’a déjà fait.

 




Voilà Pourquoi J'aimais Rosine. A. Guerlain